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Anne-Marie La Barre

Et si 80 % était le nouveau 100 %?

Est-ce judicieux de donner constamment son 100 %? Et est-ce qu’il est équivalent d’une journée à l’autre? Et si on s’investissait à 80 %? À part nous, qui verrait la différence? Départageons tout ça.

 

Tout d’abord, je vous précise que je suis une travaillante : que ce soit dans ma vie actuelle comme thérapeute en relation d’aide ou dans mon ancienne vie comme professionnelle en communication. Je ne prône pas la paresse ni le manque de rigueur. Je me questionne plutôt sur l’investissement des gens, particulièrement au travail. La pression mise sur les employés dans plusieurs organisations me laisse perplexe. Quand j’entends les mots excellence, sans faille et perfection, j’espère que les travailleurs font attention à eux et qu’ils protègent tant leur santé physique que mentale.


Un jour, un jeune homme vient me consulter en lien avec sa vie personnelle. Il fait un détour pour me parler de son travail. Ses propos transpirent la sagesse. Il me dit qu’il s’investit à 80 % à son travail et que ses patrons sont super satisfaits de son rendement. De plus, quand surviennent des périodes de pointe, il arrive à augmenter la cadence, car il lui reste une marge de manœuvre. Non seulement c’est brillant comme approche, mais cela dénote aussi une fine connaissance de lui et de ses limites.


Et vous? Vous arrêtez-vous pour poser un regard extérieur sur vous? Êtes-vous en mesure d’évaluer si vous vous investissez constamment à 100 %? Ou même à 110 %? Vous allez me dire que vous n’avez pas le choix, qu’avec tous les livrables et les objectifs qu’on vous impose, votre rendement se doit d’être maximal. Je vous dirais alors, êtes-vous heureux ainsi? Est-ce que votre vie est équilibrée? Est-ce que vous sentez que vous avez du pouvoir sur votre vie? Est-ce que votre vie, tant sur le plan personnel que familial, est nourrissante?


Ici, il est important d’ajouter un bémol : évidemment, il y a des occasions, au travail, où nous devons donner notre 100%. Si vous travaillez dans un bloc opératoire, faites une intervention d’urgence sociale ou un travail de précision, il est évident que vous devez faire de votre mieux. Je vous invite néanmoins à regarder s’il y a des moments où vous pouvez ralentir un peu entre deux moments critiques.


Selon moi, il est important d’avoir des œufs dans quelques paniers – à l’inverse de mettre tous ses œufs dans le même panier. Je constate que la vie de certaines personnes tourne autour du travail. Oui, en effet, pour la plupart des gens, cela équivaut à 40 heures par semaine. Mais en dehors des heures de travail, êtes-vous en mode récupération ou avez-vous encore de l’énergie pour nourrir d’autres sphères?


Concrètement, qu’est-ce que ça peut vouloir dire de s’investir à 80%?


  • Attention à la planification de vos objectifs annuels. Vous voulez plaire à qui en mettant des objectifs élevés?

  • Soyez raisonnable en rédigeant votre liste de tâches quotidiennes. Une journée, vous pouvez vous sentir en forme et productif et vous accomplirez beaucoup. Attention que ceci ne devienne pas votre point de référence pour TOUS LES JOURS. Respectez votre énergie du moment.

  • Si vous êtes en télétravail, profitez de moments d’accalmie entre deux rencontres pour faire une tâche ménagère - profitez du fait que vous êtes à la maison. L’idée n’est pas de faire du « travail buissonnier », mais de bien faire usage de son temps pour que vous puissez mieux profiter de votre soirée.

  • Prenez le temps de faire les choses. Vous servez qui au juste en adoptant un rythme qui augmente vos fréquences cardiaques, qui vous fait transpirer, faire de l’eczéma et tellement d’autres symptômes de déséquilibre?

  • Osez dire non à des tâches qui ne vous reviennent pas. Encore une fois, vous voulez plaire à qui en élargissant ainsi votre description de tâches? Jusqu’où irez-vous pour remplir la case « et toute autre tâche connexe »?

  • Questionnez-vous si le multitâche est approprié à qui vous êtes. Des études démontrent qu’il augmente le risque d’erreur tout en vous épuisant davantage.



Je serais vraiment curieuse de voir l’impact d’un investissement à 80% sur le rendement et le nombre de départ en épuisement. Je crois aussi que ça pourrait éviter à des gens de tomber malade dès le début de leurs vacances. Le corps étant en mode alerte, il relâche à l’arrivée d’une période d’accalmie.

De plus, quand, dans notre vie, notre verre est plein à rebord, il n’y a pas de place pour les imprévus : un parent qui nécessite des soins, une période difficile dans votre couple, un enfant malade, … Est-ce qu’un verre plein vous satisfait? Grand bien vous fasse! Si la réponse est non, faites de l’introspection.


En conclusion, je vous réitère que je suis une travaillante, mais maintenant une travaillante bienveillante. L’idée principale derrière cet article n’est pas d’en faire moins, mais de faire mieux en pleine conscience de soi.


S’il y a des sujets que vous aimeriez que j’aborde, faites-m’en part. Et si vous souhaitez me rencontrer pour vous aider à cheminer, communiquez avec moi. En tant que thérapeute en relation d’aide, je suis formée pour accompagner une clientèle adulte en séance individuelle. Les sujets abordés incluent entre autres : les enjeux relationnels, la quête d’estime de soi, les deuils, la recherche de sens, l’acceptation et le lâcher-prise, un questionnement professionnel et la gestion du stress. Pour m’écrire, c’est ici.

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